Je viens, par négligence, de causer la mort d’un petit être.
Je ne parle pas d’araignée tapie derrière un meuble ou encore de mulot bien au chaud derrière mon sèche linge.
Non, je parle d’un petit être qui appelle, que l’on nourrit, qui défèque (et dont on doit nettoyer les crottes), à qui on parle, qui grandit, devient adulte.
Une petite chose que Fille Cadette trimballe un peu partout dans la maison, et parfois, même, en cachette, qu’elle emmène dehors et sur laquelle elle veille avec attention.
Cette petite chose est interdite de cité à l’école. C’est bien normal.
Et moi, les animaux, c’est vraiment pas mon truc. De toutes façons, j’ai prévenu les enfants que ces bêtes étaient sous leur entière responsabilité et que je refusais catégoriquement de m’en occuper.
J’étais donc dans leur soue salle de bain, suante et ahanante, dans une position plus que périlleuse, à nettoyer le fond de la baignoire. Fessier en l’air, orteils recroquevillés dans les chaussons afin de ne pas glisser, en appui sur la main gauche et frottant de la main droite –genre d’exercice que je ne pratique que quand je suis sûre d’être absolument seule à la maison, vous voyez ce que je veux dire… … et j’entends un faible appel.
Nul doute, cela provient du Truc. Je fais comme si je n’avais pas entendu et redouble d’efforts pour accomplir ma mission -qui est de redonner un aspect potable à cet endroit répugnant, ne l'oublions pas. Quelques minutes après, la Chose émet à nouveau un petit cri plaintif. Agacée, je pense –ô honte- que j’ai eu une pensée peu charitable du genre " Crève charogne ! Pas k’sa à faire ! ".
Peu après, m’attaquant aux lavabos, je tente de déblayer le souk répandu tout autour et je vois la Bête
Silencieuse, immobile
Elle est morte
sur son écran
s’affiche une tombe,
avec une croix.
J’ai laissé mourir le Tamagoshi de ma fille.
Bande son : technologic - Daft punk