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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 14:06

 

Même allongé, le cou ceint d'une minerve, le bras droit immobile, la parole encombrée, il est noble. Il est noble par nature. D'aspect et de coeur. Ce n'est pas un hasard si le rôle de Philippe Auguste lui fut confié pendant si longtemps et que les photos prises lors de ces spectacles figurent encore dans le programme, des années après.

 

Il faut lui donner à manger car il ne peut plus le faire seul. Comme à un enfant, oui. Je crois énormément au rôle de la nourriture dans les relations entre les gens. Passer du temps à nourrir un malade, en le regardant et en lui parlant, c'est un acte d'amour.

 

Il m'a saisi la main et vrillé son regard au mien. Avec son pouce, il a formé une croix sur l'intérieur de mon poignet...

 

 

 

 

Bande son : mortal tristura - Jordi Savall

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commentaires

F
<br /> il y a d'abord la dignité de celui qui est diminué<br /> <br /> <br /> la compassion et l'attention de celui ou celle qui accompagne et soutien<br /> <br /> <br /> tout ce qui peut passer de très fort dans un regard ou dans un geste<br /> <br /> <br /> quant à la nourriture elle est essentielle , nourriture alimentaire , affective et intellectuelle<br /> <br /> <br /> tout cela est insdispensable à la Vie<br />
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L
<br /> <br /> Oui, tu parles d'or. Je n'aurais pas imaginé que ce moment puisse être si chargé en émotion. Cette semaine, lorsque je suis allée le voir, il avait recouvré l'usage presque total de son bras<br /> droit et n'a donc pas voulu de mon aide. Ce moment reste donc quelque chose d'exceptionnel, non affadi par la routine.<br /> <br /> <br /> Mais j'étais venue avec un livre. Des nouvelles de Stefano Benni : la Grammaire de Dieu, histoires d'allégresse et de solitude. J'avais choisi "la crèche vivante". Une nouvelle drôlatique sur le<br /> casting du soir de Noël, entre le boeuf pétomane, le Joseph blasphématoire, le Jésus qui devient bleu, le maire à la Peponne, le berger qui porte sa brebis sur les épaules... laquelle brebis lui<br /> chie dans le dos. Bref. De l'italien féroce et drôle. Il a adoré. Il m'en a reparlé le lendemain, il se faisait le film dans sa tête, il rigolait.<br /> <br /> <br /> Pourquoi des instants comme ceux-là, que l'on pourrait vivre tous les jours si on le décidait, on attend qu'ils soient tissés de la tristesse du départ proche ?<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Attends, je relis - je réféchis et je reviende<br /> <br /> <br /> à la 1ère lecture ça m'a laissé "sans voix"<br />
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S
<br /> Je souscris au comm précédent, of course ! <br />
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I
<br /> nourrir un enfant vorace, c'est la joie ; nourrir sa vieille mère proche du dernier port, c'est nettement plus poignant ( c'était il y a lgtps déjà...) Ton billet a réveillé ce souvenir.<br />
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L
<br /> <br /> C'était la première fois que je nourrissais un grand malade. Cela restera un moment inoubliable à bien des égards. Ceci dit, lorsque je suis allée le voir cette semaine, il avait recouvré l'usage<br /> de son bras droit et a mis un point d'honneur à manger seul.<br /> <br /> <br /> Cette fois-ci, je lui ai fait la lecture, je crois que ça lui a autant (même plus) plu que le nourrissage !<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Nourrir c'est un don de vie, de l'allaitement jusqu'au dernier repas<br /> <br /> <br /> et ce petit geste sur le poignet, c'est un grand et poignant discours qui se passe de mots<br />
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L
<br /> <br /> Oui... même moi qui suis plutôt mécréante dans mon genre (enfin pas tout à fait quand même ), j'ai compris ce que cela<br /> signifiait, pour lui qui est très croyant. Je me suis tout à coup sentie comme une brancardière de Lourdes...<br /> <br /> <br /> <br />