A la rentrée de janvier, j'ai changé d'école. D'une petite école de village, j'ai été transférée dans une grosse école en Zone d'Education Prioritaire, au pied des tours, au coeur d'une France que je n'ai pas l'habitude de côtoyer. J'apprends beaucoup. Des élèves, de leurs parents, mais pas seulement, comme le montre cette anecdote... monstrueuse.
Je suis en train de mettre à jour les fichiers des élèves. La fiche d'une petite élève posait problème : pas de prénom pour la maman sur la fiche papier, et une série de lettres incompréhensibles sur la base informatique. Profitant de rapporter quelqu'un chose à l'institutrice de la petite, je lui dis :
- il me faudrait le prénom de la maman d'Anaïs, parce qu'il y a quelque chose de pas net, je ne comprends pas.
- oui, pas de problème. ANAÏÏÏÏS, va voir la Femme des Steppes, elle a quelque chose à te demander.
La petite arrive près de moi, un peu craintive. On fait un pas dans le couloir.
- Je voudrais juste connaître le prénom de ta maman, Anaïs, tu le connais ?
- Pourquoi ?
- C'est pour mettre à jour ta fiche, ne t'inquiète pas.
- Ma maman, elle s'appelle Véronique, mais elle est au ciel.
- (moi décontenancée, bien sûr, coite, sans voix).........
- mais ma belle-mère, elle s'appelle Carole !
Je lève les yeux et je vois l'instite me regarder avec un petit sourire en coin. Elle forme avec ses lèvre le mot DÉ-CÉ-DÉE
Je suis verte de rage.
Elle le savait, bien sûr,
où était le problème que je rencontrais.
Pourquoi ne pas me l'avoir dit directement au lieu de faire intervenir la gamine et l'obliger à répondre à cette question ?
J'avais bien senti une réticence de sa part à mon encontre, mais là, je crois que la preuve est faite.
N'empêche qu'il faut quand même être perverse pour ne pas hésiter à peiner une enfant juste pour le plaisir de me voir embarrassée !!!!
Bande-son : y en a pas... rien pour couvrir le hurlement qui sort de mon coeur.