Bande son obligatoire pour comprendre le ton de ce billet
Ce soir, j'ai eu un moment de liberté. Un moment de liberté, pour moi, c'est un moment où je sais que personne ne m'attend. Où je ne suis pas là où je devrais être. Les uns me pensent à un endroit, les autres ailleurs. Et je suis comme un électron libre, du temps devant moi pour faire.... pour faire... rien ou tout, c'est selon.
Ce soir, j'ai décidé de me faire pleurer.
Yann Tiersen avait pris possession de ma voiture. Le soleil venait juste de se coucher. Les lumières de la ville s'allumaient. Quelques gouttes de printemps flottaient dans l'air et se posaient sur mon pare brise.
Je n'ai pas tourné à gauche pour rentrer à la maison. J'ai pris le chemin des écoliers et aux accords triste de la Comptine d'Un Autre Eté, j'ai conduit. J'ai conduit dans la ville. Je suis passée devant la Belle Inutile, aux yeux fermés et au coeur vidé. Puis je me suis engagée sur la Grande Place, au rythme des pavés mal joints. Les façades des maisons étaient toutes éclairées, au garde à vous sous leur chapeau de gendarme.
J'ai pleuré, pleuré. Pleuré sur tous les lieux que j'ai quittés. Pleuré sur mes amis que j'ai laissés. Pleuré sur ce que j'ai aimé sans m'en rendre compte, seulement maintenant que c'est perdu. J'ai regardé cette ville pour l'imprimer dans ma mémoire, cette ville que je quitterrai aussi bientôt. Pleuré sur ceux qui commencent juste à devenir des amis et que je vais fuir aussi. Le rire de Marie, la fragilité de Valérie, l'énergie d'Arnaud, le pince-sans-rire de Benoît, le bon sens de Myriam...
Yann Tiersen en boucle, les larmes et les sanglots comme une lame de fond, la voiture qui roule, tourne, roule encore. Les arbres roses des boulevards, les groupes riants sur les trottoirs... même l'odeur des frites, pour une fois...
Ma vie, c'est toujours passer des uns aux autres, d'un lieu à un autre. C'est un patchwork plus ou moins usé. Des fils dépassent, si je tire dessus, des pièces vont se découdre, jamais remplacées... sans cesse, j'en rajoute avec plus ou moins de bonheur...
Yann Tiersen en boucle, je pleure encore...
..... mais après La Comptine d'un autre été, sur ma clef USB, il y a Goran Bregovic, pour demain matin commencer ma journée en riant.